Parcs éoliens en mer : quelles capacités de stockage de l’électricité ?
J’ai déposé une question écrite à l’attention de Madame la Ministre de la transition énergétique au sujet des capacités de stockage de l’électricité produite par les parcs éoliens en mer.
L’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050 implique une baisse notable de nos émissions de gaz à effet de serre et donc le remplacement des énergies fossiles par des énergies décarbonées.
Bénéficier pleinement de l’éolien marin suppose de réussir son intégration dans notre mix énergétique en tenant compte du caractère intermittent de sa production. En 2015, le conseil économique, social et environnemental (CESE), rappelle que le stockage de l’énergie électrique est une dimension incontournable de la transition énergétique et que l’optimisation de stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) existantes ou la création de STEP marines sont à envisager.
La programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité pour la période 2009-2020 prévoyait alors l’installation de près de 2 GW supplémentaires de STEP pour 2015. Ces objectifs n’ont pas été concrétisés.
Suite à une série de lois relatives à l’énergie et au climat depuis 2019, je souhaite connaitre les avancées du développement des capacités de stockage de l’électricité produite par les parcs éoliens marins français équipés aujourd’hui et pour les années à venir.
Réponse du Ministre :
Le développement des énergies renouvelables a vocation à répondre à un besoin croissant de consommation d’électricité, dû notamment à l’électrification de certains usages ne pouvant être décarbonés par d’autres moyens, et à atteindre la neutralité carbone en 2050. L’augmentation de la production électrique à partir de sources d’énergies renouvelables et l’augmentation de leur part dans le mix électrique entraîneront en effet de nouveaux besoins de flexibilité à l’horizon 2050. Ces flexibilités incluent le stockage, l’effacement des consommations, le développement des interconnexions et le recours à de nouveaux moyens thermiques décarbonés. Concernant le stockage, le Gouvernement est pleinement engagé pour le développement des actifs de stockage de l’électricité et des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) en particulier. La France dispose aujourd’hui d’environ 5 GW de capacités de STEP. La programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028 prévoit que soient engagées les démarches permettant le développement des STEP pour un potentiel de 1,5 GW supplémentaires, en vue des mises en service des installations entre 2030 et 2035. Pour atteindre ces objectifs, une procédure d’octroi d’une nouvelle concession de STEP est en cours de préparation sur un site vierge dans le Haut-Rhin et le Gouvernement a également lancé une large consultation sur l’opportunité et les éventuelles modalités d’octroi d’un nouveau soutien public spécifique aux stations de transfert d’énergie par pompage. Le développement de STEP marines doit également être étudié, en particulier dans les zones non interconnectées au réseau électrique métropolitain. A ce titre, l’article 108 de la loi sur l’accélération de la production des énergies renouvelables, promulguée le 10 mars dernier, prévoit la remise d’un rapport par le Gouvernement sur des conditions d’installation des STEP dans les outre-mer. En plus des STEP, l’intermittence de la production électrique des énergies renouvelables est également palliée par l’effacement de la demande en période de forte consommation ou encore les interconnexions avec nos voisins européens. Concernant l’éolien en mer, selon les scénarios présentés dans le rapport de RTE « Futurs énergétiques 2050 », l’objectif de neutralité carbone implique un développement de grande ampleur de cette énergie (entre 22 et 62 GW). Le développement de l’éolien en mer contribue également à la diversification du mix électrique, source supplémentaire de résilience. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour la période 2019-2028 fixe le calendrier des appels d’offres des projets sur la période 2019-2023 et prévoit l’attribution de 1 GW par an à partir de 2024, toutes façades confondues. Le Président de la République a par ailleurs annoncé à Belfort, le 10 février 2022 l’objectif de 50 parcs en service représentant 40 GW installés en 2050. Les ambitions sur l’éolien en mer en France seront réhaussées dans la future programmation pluriannuelle de l’énergie. La répartition des projets sur les quatre façades métropolitaines, alliée aux facteurs de charge importants de cette technologie (plus de 40%), permettront un foisonnement utile de la production. Enfin, la production d’hydrogène en mer a été identifiée par certains pays bordant la Mer du Nord comme un moyen de stocker une énergie qui ne pourrait être injectée sur le réseau. A court et moyen terme, il n’est pas prévu, en France de production d’hydrogène en mer grâce à l’électricité produites par des éoliennes. Il est estimé plus efficient en termes de coûts de raccorder les parcs, encore relativement proches des côtes du fait de la profondeur des fonds, directement au réseau national via des câbles électriques. Eventuellement, de l’hydrogène pourra être produit à terre.
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