Monsieur Stéphane LE FOLL
Ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt
Montpellier, le 3 août 2016
Objet : Importation des vins espagnols en Languedoc
Monsieur le Ministre,
En mai dernier, je vous ai alerté lors d’un petit-déjeuner au Ministère de la situation préoccupante relative à l’importation de vins espagnols vendus en France entre 30 et 40 euros/hecto, alors que le prix de nos vins se situe entre 70 et 80 euros/hecto. Une concurrence que les viticulteurs languedociens vivent mal car, comme vous le soulignez souvent, ils ont accompli en deux décennies une véritable révolution qualitative.
Je vous avais soumis l’idée de vous rapprocher de votre homologue espagnol pour que nous comprenions cette différence de prix car les producteurs français dénoncent avant tout le manque d’harmonisation des règles en vigueur dans l’Union Européenne.
Au sein de l’hémicycle du Sénat, vous savez, que la sur transposition des normes, quel qu’en soit le secteur, est mon premier combat. Car elle crée une concurrence déloyale et place nos agriculteurs dans une fragilité économique accrue que le contexte déjà difficile ne peut tolérer.
La filière lait et viande paye le prix fort face à la politique du prix le plus bas de la Grande Distribution. C’est désormais le monde du vin qui est concerné, la Grande Distribution ayant choisi les vins espagnols, moins chers, pour la vente en bag in box.
Résultats : des années d’efforts, de restructuration du vignoble, de labélisation qualité… qui sont en train de s’effondrer.
Rajoutez à cela le manque d’eau dans certains secteurs et les stocks des caves coopératives pleins car non vendus… à un mois des vendanges et vous obtenez un début de crise.
Les camions déversés en avril dernier à la frontière espagnole par les viticulteurs audois et catalans m’avaient fait vous alerter.
Depuis, des négociants, basés dans l’Hérault, ont subi des sabotages avec des cuves vidées, le dernier à Sète cette nuit. Et cela va continuer car les viticulteurs sont en colère. Et quand le Midi gronde…
Monsieur le Ministre, si je déplore ces actes, je me permets d’insister sur l’urgence à agir face à ces différentes problématiques. La filière est désabusée et vit la concurrence des pays voisins comme une injustice car la production n’y est pas réalisée avec les mêmes contraintes règlementaires qu’en France.
De la même façon, je vous ai informé par courrier du 3 mai de l’intérêt d’agir vite sur la question des cépages résistants car l’Allemagne et l’Italie commercialisent déjà des vins issus de cépages résistants alors qu’en France nous tergiversons sur l’expérimentation.
J’ai fait un appel aux élus de la région pour, qu’au-delà des différences idéologiques qui nous séparent, nous portions ensemble ce défi.
A ce jour nous sommes onze parlementaires, députés européens, sénateurs et députés, de toutes convictions politiques confondues. Nous allons parler d’une même voix et mener des actions communes car nous voulons montrer à la filière que les élus sont capables de travailler ensemble sur des projets.
Je me tiens à votre disposition pour tout complément d’informations et je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.
Henri Cabanel
Sénateur de l’Hérault
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