Hommage à Claude Dilain
Depuis quelques mois seulement au Sénat, je n’ai pas encore eu l’occasion de nouer des liens extrêmement approfondis avec l’ensemble de mes 347 collègues. Cependant, parmi les rencontres marquantes que j’ai pu faire, je suis heureux d’avoir eu la chance de connaître Claude Dilain. Dans une chambre où les bizuts ne sont pas toujours accueillis à bras ouverts, le sénateur de Seine Saint Denis avait su se montrer chaleureux, accessible et passeur d’expérience.
Au-delà de la personnalité pleine d’humilité saluée par tous, il convient de rappeler l’exemplarité de Claude Dilain. Les noms donnés à cet homme de gauche, par les médias notamment, révèlent sa valeur : « le maire courage », « le pédiatre au chevet de sa ville »…
Il a énormément œuvré pour Clichy-sous-Bois, commune rentrée dans l’histoire de notre pays dans des conditions dramatiques avec la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, deux adolescents de Clichy électrocutés dans un transformateur électrique.
Il ne s’est pas contenté alors de dénoncer les circonstances qui ont provoqué une vague d’émeutes sur le territoire national. Il s’est surtout employé à trouver des solutions : désenclavement de son territoire, inscription dans le droit commun d’une commune privée de tramway et de commissariat. L’énergie qu’il a déployée pour sa commune, il la mise ensuite au service de son département.
Elu sénateur en 2011, il démissionne de son mandat de maire et se soumet ainsi aux exigences du non-cumul qu’il continuera de défendre durant toute sa vie. Comme parlementaire, il pèse sur les orientations de la politique de la ville et du logement, travaillant avec des élus de droite comme de gauche pour servir l’intérêt national. Je me reconnais dans cette méthode et dans ces valeurs au-delà des clivages.
Il aimait le mot fraternité qu’il employait souvent :
« S’engager en politique ne devrait jamais être autre chose qu’un geste de fraternité parce que cela suppose de donner ce que l’on porte en soi, d’aller vers les autres, de ne pas se situer en surplomb, de ne pas agir avec arrogance ou condescendance. L’actualité nous le montre aussi : quand on oublie la fraternité, d’abord on se met en dehors de la République, puisque notre devise inclut la fraternité, ensuite on se livre à des comportements cyniques où la fraternité n’a plus de place. »
J’ai été ému quand le Président du Sénat, Gérard Larcher, et le Ministre chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, ont rendu hommage à Claude dans l’hémicycle : ce fut un moment de communion, triste et beau à la fois, qui m’a renforcé dans l’idée que l’homme politique peut marquer ses contemporains lorsqu’il reste fidèle à ses principes.
Claude, tu me manqueras.
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