« REDONNER AUX MANDATS LOCAUX LEUR LETTRE DE NOBLESSE… »

Pourquoi avoir travaillé sur le statut de l’élu ? Cela n’est guère populaire dans un contexte où les gouvernants n’ont plus la confiance des citoyens.

C’est l’une de mes promesses de mandat. Je n’en n’ai pas fait beaucoup car je ne connaissais pas la marge de manœuvre offerte aux parlementaires, mais je me suis engagé auprès des maires et des conseils municipaux à essayer de faire évoluer ce statut car il ne correspond pas à la réalité du terrain et à l’engagement des élus locaux.

Cela me tient à cœur précisément par rapport à ce contexte de défiance des citoyens envers les gouvernants. Il y a une forme d’injustice que je ne peux concevoir.

Des milliers d’élus payent pour cette image désastreuse générée par des élus sans vergogne qui s’enlisent dans les affaires.

Comment redonner confiance aux citoyens ? Je pense qu’il faut unir les droits et les devoirs pour les élus comme pour les citoyens d’ailleurs.

Quelle méthode pour organiser ce chantier en faveur d’un statut de l’élu ?

J’ai phasé mon travail en 3 temps, comme j’ai l’habitude de le faire.

> Premier temps, celui de la consultation des élus de l’Hérault. C’est également l’une de mes promesses pendant ma campagne : associer le terrain à mon travail législatif.

J’ai donc lancé une enquête pour sonder les élus locaux. Faut-il rédiger une nouvelle loi ? Quels axes prioritaires ? Faut-il associer les droits aux devoirs ?

Je ne détiens pas la vérité. Je m’appuie sur les réflexions et les retours des territoires avant de m’engager sur une proposition de loi – j’ai fait de même pour la proposition relative à la gestion des risques en agriculture co signée avec le sénateur du Gers, Franck MONTAUGER, et votée au Sénat en 2016 : des dizaines de rencontres de la filière.

> Deuxième temps, la rédaction de la proposition de loi toujours avec un autre collègue Joël LABBE, sénateur du Morbihan, car je suis contre les postures individualistes.

>Troisième temps, la consultation sur la plateforme Parlement et citoyens pour enrichir nos articles via un filtre plus ouvert : celui du plus grand nombre.

Les résultats de l’enquête auprès des élus de l’Hérault sont sans appel : 97% des maires interrogés estiment qu’une loi est nécessaire. Cela reflète quel sentiment selon vous ?

Un sentiment de malaise et de ras le bol.
On demande toujours plus aux maires et à leur équipe. D’un côté des budgets contraints, de l’autre, des services supplémentaires aux populations. C’est contradictoire.

« Comment redonner confiance aux citoyens ? Je pense qu’il faut unir les droits et les devoirs pour les élus comme pour les citoyens d’ailleurs. »

Si je défends la nécessité d’un effort d’économies à tous les niveaux car la France est endettée – plus de 2 milliards d’euros -, il faut raisonner en terme de services offerts aux citoyens. L’une des solutions est la mutualisation des équipements et la solidarité entre les communes, mais il faut garder raison et stopper les contraintes aux élus et encourager leur engagement.

Bientôt, il n’y aura plus de candidats dans les communes rurales et périurbaines. Il faut donc agir rapidement pour redonner aux mandats locaux leur lettre de noblesse et les accompagner d’un statut clair et d’un cadre. Ce cadre doit offrir à ceux qui s’engagent pour l’intérêt général des compensations car ils mettent leur vie professionnelle – et souvent personnelle – entre parenthèse.

Autre paramètre à prendre en compte : si le maire demeure l’élu le plus aimé des Français – car le plus proche -, il n’en demeure pas moins que la participation aux élections municipales a, elle aussi, baissé.

Il faut donc réconcilier les citoyens aux élus avec justesse et justice. En leur expliquant que chacun doit avoir des droits et des devoirs.