Ma question au gouvernement sur le mal-être des agriculteurs
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation.
Monsieur le ministre, quand cela ne va pas, nous le disons, mais, quand cela va, il faut le dire aussi !
Hier, avec le ministre des solidarités et de la santé et le secrétaire d’État chargé des retraites et de la santé au travail, vous avez présenté votre feuille de route consacrée à la prévention du mal-être et à l’accompagnement des agriculteurs en difficulté, avec un budget en hausse de 12 millions d’euros.
Je salue la méthode collaborative que vous avez choisie. Vous vous êtes largement inspiré du travail du Parlement en puisant des mesures dans le rapport intitulé Identification et accompagnement des agriculteurs en difficulté et prévention du suicide du député Olivier Damaisin et dans le rapport d’information que j’ai signé avec Françoise Férat.
Vous avez bien compris la nécessité de mettre de l’humain dans les relations entre les agriculteurs et les administrations comme entre les agriculteurs et les autres partenaires.
Vous avez changé de paradigme pour « aller vers », en laissant aux comités de pilotage départementaux le soin de choisir leurs sentinelles, qui seront formées pour détecter.
Vous avez apporté des budgets supplémentaires à l’aide au répit, à l’aide à la relance de l’exploitation agricole, avec quelques mesures déjà votées dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2022, comme le capital décès pour les exploitants agricoles.
Monsieur le ministre, vous n’avez pas répondu à notre demande d’étude sur le nombre réel de suicides chaque année. C’est essentiel pour comprendre les typologies du mal-être. Ce plan progressera-t-il en reprenant d’autres propositions de notre rapport d’information ?
Une évaluation des résultats est-elle prévue dans le temps ?
Réponse de M. Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation :
Oui, monsieur le sénateur Cabanel, les mesures que nous avons annoncées hier pour lutter contre les situations de détresse agricole continueront évidemment à évoluer dans le temps. C’est bien normal et c’est ce dont nous sommes convenus.
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier à mon tour, non seulement vous, monsieur le sénateur, mais également Mme Françoise Férat, de la qualité des travaux que vous avez menés pendant presque un an. (Marques de satisfaction sur l’ensemble des travées.) Nous nous sommes appuyés sur ces travaux, comme sur ceux qui ont été réalisés par vos collègues de l’Assemblée nationale, notamment M. Olivier Damaisin.
Le constat est absolument tragique. Oui, il y a une surmortalité par suicide dans le monde agricole. Ces drames familiaux, ces drames territoriaux nous obligent à agir collectivement avec force pour lutter contre cette détresse agricole.
C’est tout le sens des mesures ambitieuses que nous avons annoncées hier. Elles sont ambitieuses sur les moyens, puisque les budgets sont en augmentation de plus de 40 % permettant la mise en œuvre de différents dispositifs que vous avez mentionnés. Elles sont ambitieuses sur le fond, puisqu’elles s’articulent autour de trois axes.
D’abord, il faut développer le « aller vers ». Toutes les politiques sociales, celles que je mène avec Olivier Véran et Laurent Pietraszewski, doivent reposer sur cet axe.
Ensuite, il faut remettre de l’humain dans toutes les procédures. Il n’est plus possible aujourd’hui d’envoyer à des agriculteurs qui sont en difficulté des lettres de recouvrement pour quelques euros. Ce n’est pas normal ! Ces courriers sont adressés de manière automatique ; il nous faut donc réhumaniser. À ce titre, je salue les engagements pris par exemple par la Mutualité sociale agricole (MSA) sur ce sujet.
Enfin, il faut un accompagnement à la fois économique, financier, administratif, médico-social. C’est fondamental.
Toutefois, mesdames, messieurs les sénateurs, n’oublions pas qu’il faut surtout traiter le sujet à la racine, c’est-à-dire redonner rémunération et considération au monde agricole. Redonnons de la valeur à notre alimentation.
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