Agriculture : il est temps de changer de paradigme
Le 04 février 2025, je suis intervenu en séance publique sur le Projet de loi Souveraineté alimentaire et agricole :
Un jour peut-être, nous examinerons un texte sur l’avenir de l’agriculture qui pense vraiment cet avenir dans sa globalité. Un jour, peut-être, mais pas aujourd’hui.
Marketing, ventes, modes de production diversifiés, crises économiques, écologiques, sanitaires… Les problèmes sont nombreux. Ne nous contentons pas de traiter l’urgence. Il faut nous concentrer sur le fond. La loi Le Foll avait ouvert la voie, confortée par les lois Égalim.
Initialement conçu pour relever le défi de la souveraineté agricole et alimentaire, ce projet de loi incarne désormais la réponse de l’exécutif à la colère des agriculteurs, en attendant des mesures concrètes.
Changeons de paradigme : l’État doit passer de la suspicion à l’accompagnement. La confiance peut régler beaucoup de maux.
Ce texte répond-il à la colère des agriculteurs ? Permettez-moi d’en douter ! Quid du revenu ? Du foncier ? De la sensibilisation des Français, notamment aux aménités environnementales ? Des paiements pour services environnementaux (PSE) territoriaux, notamment en matière de lutte contre les incendies ou les inondations ? Les agriculteurs entretiennent les paysages que les Français apprécient le week-end, inconscients du travail que cet entretien demande.
Nous devons viser une agriculture économiquement viable, qui réponde aux enjeux écologiques. Opposer les modèles agricoles est stérile. Bien assis dans nos fauteuils, on a tout à perdre à faire de la politique sur le dos de nos paysans. Ils agonisent sous les lourdeurs administratives. Certains préfèrent se donner la mort. Et nous, que fait-on ? On clive nos propos, on cherche le buzz…
Nos collègues transmettent de fausses informations aux médias. Non, les néonicotinoïdes n’ont pas été réautorisés.
D’un autre côté, un parti pris pour la compétitivité au détriment de l’environnement serait regrettable. Cherchons un équilibre constructif.
Que fait-on ? Le RDSE a voulu que l’agriculture soit une cause nationale. C’était la proposition n°1 du rapport que j’ai rédigé avec Françoise Férat.
Une programmation pluriannuelle devra être définie, dès juillet 2025, en complément des politiques européennes ; elle devra être compatible avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et avec la stratégie nationale biodiversité 2030 (SNB). Je m’en réjouis.
Mais avec quelle politique foncière ? Un exemple : les sols. La reconstitution des sols via des modes durables permet de meilleurs rendements et une meilleure rétention d’eau. Il faut le dire.
Et avec quels moyens ? Une programmation sans budget, ce sont des paroles sans actes. Or nous voyons mal le budget, qui a fait l’objet de coupes claires cette année, s’améliorer l’année prochaine. Mais j’espère me tromper…
Le guichet unique est un grand pas de simplification. Mais qu’est-ce qui motivera un agriculteur à transmettre son exploitation à ses enfants, sa plus grande fierté, s’il sait que ce sera la galère ? Qu’est-ce qui motivera un jeune à devenir agriculteur ?
C’est à ces questions qu’il fallait répondre.
Ce texte a un fort sentiment d’inachevé. Madame la ministre, je souhaite pourtant rester positif. Nous verrons si l’essai peut être transformé. Les paysans attendent beaucoup de ce texte, tout comme moi – trop, sans doute.
Retrouvez mon intervention en vidéo via ce lien
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