Comment éviter la guerre des prix des agriculteurs en France ?

Quelles solutions concrètes pour soutenir durablement nos agriculteurs ?

Je suis intervenu en séance publique le mercredi 10 avril 2025 pour défendre la prolongation de deux mesures expérimentales de la loi EGAlim :

• La prolongation jusqu’au 15 avril 2028 du seuil de revente à perte majoré de 10 %,

• Ainsi que l’encadrement des promotions.

Objectif : soutenir les revenus des agriculteurs et préserver un équilibre dans les relations commerciales.

Même si leur efficacité pour mieux répartir les bénéfices reste encore à prouver, il était urgent d’agir pour éviter une baisse brutale des revenus agricoles.
Les conclusions de la commission mixte paritaire ont abouti à un compromis satisfaisant, c’est pourquoi mon groupe votera en faveur de ce texte.

Ces mesures apportent une stabilité nécessaire et permettent d’éviter une guerre des prix qui finalement ne ferait que pénaliser les producteurs.
L’objectif maintenant est de mieux surveiller l’application du SRP +10 (le prix en dessous duquel un distributeur ne peut revendre un produit).

Je soutiens également le renforcement des sanctions, actuellement trop faibles, en particulier lorsque les documents requis ne sont pas fournis.
Cependant, cette prolongation doit impérativement être accompagnée d’une évaluation sérieuse de l’efficacité réelle du dispositif.
Nous ne disposons pas aujourd’hui des outils suffisants pour évaluer correctement son impact. C’est pourtant indispensable si nous voulons le pérenniser.

Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est la capacité à faire en sorte que le SRP +10 bénéficie réellement aux producteurs, et ne soit pas détourné au profit des distributeurs.
La proposition de loi introduit une exigence de transparence accrue, en obligeant ces derniers à publier certaines données relatives à leurs bénéfices.

Mais reconnaissons les limites de la loi.
Quelles informations doivent être publiques ? Lesquelles doivent rester confidentielles ?
Nous légiférons sans cesse, mais le partage de la valeur reste insuffisant. La loi ne suffira pas à elle seule à apporter des réponses durables.

Les dispositifs des lois EGAlim sont trop souvent mal appliqués ou contournés. Ce qui manque, c’est un vrai dialogue de confiance, où chacun peut trouver sa place sans craindre d’être lésé.
Il est temps de réunir à nouveau tous les acteurs de la chaîne alimentaire, comme nous l’avions fait lors des États généraux de l’alimentation, pour réfléchir collectivement aux solutions.

En Allemagne, il n’y a pas de loi EGAlim, mais le dialogue a permis d’améliorer les revenus agricoles.
La raison et la responsabilité nous rappellent que l’avenir de nos agriculteurs dépend aussi de notre souveraineté alimentaire et de notre compétitivité économique.

 

Retrouvez mon intervention en vidéo via ce lien :

https://videos.senat.fr/video.5289028_67f778598bb05.seance-publique-du-10-avril-2025-matin?timecode=9991000

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