
Comment encourager une viticulture durable quand les règles découragent les bonnes pratiques ?
Comment survivre dans un système qui punit ceux qui s’engagent ?
Le jeudi 5 juin 2025, j’ai pris la parole au nom du groupe du Rassemblement démocratique et social européen pour alerter sur un phénomène alarmant : les difficultés croissantes des vignobles français. Les friches viticoles ne sont pas qu’un problème paysager — elles sont le symptôme d’une filière en crise. Pourquoi les vignerons abandonnent-ils leurs terres ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Et surtout, que faire pour inverser cette tendance ?
La réponse est malheureusement évidente : les vignerons ne peuvent plus vivre décemment de leur travail. Face à l’augmentation constante des coûts de production, à la stagnation des prix de vente et à des charges toujours plus lourdes, leur activité devient économiquement intenable. Dans ce contexte, il est de plus en plus difficile de trouver des repreneurs. Résultat : les terres sont laissées à l’abandon.
La viticulture française souffre d’un manque de vision stratégique. Tandis que l’Italie, par exemple, a su structurer sa filière et coordonner ses efforts pour doubler ses exportations, la France avance à contre-courant. Primes à la plantation et primes à l’arrachage coexistent. Subventions à l’irrigation et en même temps, aides à la distillation, sans ligne directrice. Résultat : une politique illisible, menée en pagaille, entre appellations, régions et fédérations, au lieu d’un effort collectif et cohérent à l’échelle nationale.
La législation actuelle, au lieu de soutenir les exploitants en difficulté, les pénalise doublement. Le non-respect de l’obligation d’arrachage de vignes non entretenues peut entraîner une peine allant jusqu’à 6 mois de prison et 150 000 euros d’amende. Ces sanctions, totalement disproportionnées, ne sont d’ailleurs jamais appliquées. La proposition de loi visant à les assouplir va dans le bon sens, mais elle reste un ajustement minimal, loin d’un plan d’ensemble.
Les friches sont aussi un gaspillage de terres irriguées et cultivables, dans un contexte où le foncier agricole devient un enjeu stratégique pour notre souveraineté alimentaire. Elles illustrent également le vieillissement du secteur, avec de moins en moins de jeunes prêts à reprendre les exploitations. Nous avons besoin d’une approche globale, qui dépasse les seuls aspects sanitaires, et qui s’attaque aux vraies racines du problème.
Face à ces constats, notre groupe a voté en faveur du texte. Certes, il ne résout pas tout, mais il constitue une première étape vers une réglementation plus réaliste, plus humaine, et donc plus applicable. En rendant les sanctions plus proportionnées, on responsabilise les propriétaires tout en tenant compte des difficultés des viticulteurs.
Les friches viticoles sont le signal d’alarme d’une crise plus large. Mais elles peuvent aussi devenir un levier pour repenser notre modèle. Nous devons sortir de cette logique et mettre en place une politique agricole viticole cohérente. Le sujet est loin d’être clos. Mais avec une volonté collective, nous pouvons redonner vie à nos vignobles et assurer un avenir durable à nos territoires.
Retrouvez mon intervention en vidéo via ce lien :
https://videos.senat.fr/video.5456257_684143bb43b3e?timecode=2467000
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